NOTES
Tout ce qui concerne Dryden est prélevé dans l'article qui lui est consacré par le Dictionnaire de Chaudon et Delandine. On le reproduit intégralement afin de faire toucher du doigt la manière, à la fois limpide et compliquée, dont Hugo procède. « DRYDEN, (Jean)né à Oldiwinde dans le comté d'Huntington en 1631, d'une famille distinguée, montra, jeune encore, un génie fécond et facile, et des talens supérieurs pour la poésie. Il se fit Catholique en 1688 , sous le règne de Jacques II, à la cour duquel il fut toujours tres-bien accueilli. Les ennemis que ses talens, son caractère ou son changement de religion, lui avoient suscités, firent des cabales pour le perdre. Le roi Guillaume lui retrancha ses pensions; et ce poëte, qui a fait tant d'honneur à sa patrie, mourut dans la misère, le premier mai 1701, à 70 ans, d'une inflammation au pied, causée par la croissance d'un ongle sous la chair. Dryden jouit de la familiarité des grands, sans s'avilir. Un seigneur Anglois lui reprochoit que dans une de ses tragédies le héros causoit avec son amante, et que lui, il auroit mieux su profiter du temps. — Mais aussi vous m'avouerez, mylord, que vous n'êtes pas un héros.— Le duc d'Albermale le rencontra un soir sortant d'un lien suspect: D'où venez-vous, monsieur le poëte? — Supprimons les qualités, mylord, lui répondit Dryden, la nuit je voyage incognito. Ses critiques, semblables, dit Pope, à ces moucherons qui ne sont jamais si nombreux qu'au soleil couchant d'un beau jour d'été, harcelèrent sa vieillesse. Voyez SHEFFIELD. Dryden s'est signalé dans tous les genres de poésie. Ses ouvrages sont pleins de détails naturels à la fois et brillans animés, vigoureux, hardis, passionnés. Sa réputation seroit sans altération, s'il n'avoit fait que la dixième partie de ses ouvrages. Il avoit une grande facilité, mais il en abusoit: de là des inégalités étonnantes, et ce mélange de bas et de noble, de puérilité et de raison. Ses principales productions sont: I Des Tragédies, qui offrent de grandes beautés semées çà et là, mais qui, dans le total, ne sont que des farces sublimes: Atterbury en traduisit deux en vers latins, Achitopel et Absalon. II. Des Comédies, d'une licence que le théâtre François ne supporteroit point. La nature paroit sans voile sur la scène Angloise, et Dryden ne s'est que trop conformé à l'usage de son pays. III. Des Opéra, et plusieurs autres Pièces de Poésie, parmi lesquelles on distingue la fameuse Ode sur le Pouvoir de l'Harmonie, traduite en vers francois par Dorat: elles ont été recueillies dans ses OEuvres dramatiques, en 3 volumes in-fol., à Londres en 1721. On y trouve, à la tête, une longue Dissertation en forme de dialogue sur la poésie dramatique. Chaque pièce est accompagnée d'une dédicace, et d'une préface savante et curieuse. IV. Des Fables in-8°. V. Une Traduction de Virgile en vers anglois, qui lui a fait beaucoup d'honneur dans sa natlon. VI. Une autre des Satires de Juvénal et de Perse. VII. Une Version en prose du poëme latin de l'Art de la Peinture, du célèbre Alfonse du Fresnoy. Elle est enrichie des Remarques de de Piles sur cet ouvrage, et d'une belle Préface, dans laquelle il compare la poésie à la peinture. Il laissa trois fils, dont l'un se fit religieux, et les deux autres furent huissiers du palais de Clément XI. Le premier, Charles, se noya dans la Tamise en 1704; le second, Jean, étoit mort à Rome, en 1701. Ils se mêloient aussi de poésie. »
Le mot adressé par le futur Jacques II à son frère Charles Ier est attesté; nous l'avons trouvé dans le tome VI, troisème série, 1835, (p. 38) de la Revue britannique mais ce n'est sans doute pas là que Hugo l'a trouvé. La circonstance est évoquée en III, 1, 1 -voir le récit complet à la note à « crache en personne sur Milton ».